Souvenez vous d’un rendez-vous clientèle très important auquel vous vous préparez ? Vous attendez le moment venu depuis le matin,
et vous envisagez votre rendez-vous: ce que vous y direz, ce que vous
répondrez, votre attitude, votre énergie, les conversations possibles, les
nouvelles à échanger, les propositions que vous ferez, la signature heureuse
après la poignée de main…Vous êtes mobilisé, enthousiaste, prêt à donner votre
attention et votre écoute, désireux de donner des preuves de votre
soutien.
Souvenez vous d’autre chose maintenant.
Votre journée de travail est fini et vous rentrez chez vous retrouver
votre femme ou votre mari et vos enfants.
Avec quel état d’esprit, quelle énergie, quelle envie, quel degré de
préparation a l’échange, l’écoute, la compréhension, le soutien? Etonnant non,
que quelqu’un soit prêt à donner aux étrangers de sa vie d’avantage de soi qu’à
ses proches et son plus proche! Beaucoup
entrent le soir et disent “rien à dire de ma journée; c’est juste le travail,
il n’y a rien à raconter”. Pour autant
ils trouvent toujours un sujet de causette avec leurs collègues ou clients dans
la journée.
Mon conseil: soyez désireux et prêt à papoter et échanger avec votre
conjoint de retour du boulot, car chaque soir ce n’est pas le client ou les
copains du bureau qui vous accueille intimement, et traversent avec vous vents
et marées. Profitez du temps de retour
en voiture ou dans les transports pour vous délester de votre journée et
tourner votre attitude et votre esprit vers la famille et votre couple où vous
débarquerez d’ici peu. Rendez vous
disponible à eux en cessant de vous préparer à faire face aux réactions connues
d’avance de votre moitié et des enfants.
N’attendez pas d’être déçu, ou de trouver les choses comme-ci ou comme
ca en vous disant “je le parie d’avance”.
Suivez votre script sur l’autre et les carottes sont cuites.
Au contraire, soyez prêts à la surprise.
Georges Brassens a une réponse merveilleuse au philosophe André Sève qui
l’interviewait de manière très orientée: “Tu suis ta pensée, je sens ça. Tu viens ici avec des idées préconçues et tu
veux toujours suivre ton chemin, pas le mien.
Tu arrives ici avec une idée de moi entièrement préfabriquée dans ta
petite tête et tu veux me faire entrer là dedans. La seule chose qui t’intéresse c’est de me
faire dire ce que d’après toi je dois dire, ce que je dois être. Et quand je parle, tu m’interromps jusqu’a ce
que je finisse par dire ce que tu veux. Alors que si tu attends, si tu écoutes,
je finirai par dire les choses mieux. Tu
pourrais avoir le vrai moi, et en tout cas un moi inattendu. Mais tu t’es
préparé à celui que tu veux. On attend
toujours les êtres comme on les veut. On
n’est pas prêt à la surprise.” (Toute ma vie pour la chanson, Le Centurion,
Paris, 1975).
Cela est tellement vrai, n’est ce pas ? Ce texte met en avant notre incapacité
naturelle à écouter l’autre, à chercher à le comprendre. D’ou cela
vient-il ? De notre écoute et mise
en présence de l’autre sont complètement parasitées par 5 freins qui
fonctionnent en continu. Le premier
frein : l’interprétation. Nous
cherchons à deviner l’autre suivant nos propres scripts et certitudes. Et ce avant même qu’il ait émis un
message. Non seulement nous voulons le
deviner mais nous extrapolons et mettons en son esprit des mots et des pensées
noires qu’il n’aura jamais et que nous prenons comme base de nos réactions au
quotidien.
Le second frein : l’évaluation.
Nous sommes rapides à dire : « c’est bon, c’est mauvais. C’est correct ou non. C’est normal ou anormal etc » Si nous
jugeons, alors la relation est morte et il ne reste plus qu’un monologue à sens
unique.
Le troisième frein : la décision.
Nous disons immédiatement : « il faut, tu dois, il n’y a
qu’à… ». Encore une fois, le
dialogue et la rencontre laisse la place à un ‘je, me, moi’ qui veut être
puissant sur l’autre.
Le quatrième frein : l’enquête.
C’est le syndrome « Columbo » ou les questions visent à
confirmer ce que nous pensons et ce que nous voulons entendre.
Le cinquième frein : le support.
Nous défendons nos « moods », nos expériences en profitant de
la situation de l’autre pour renchérir sur notre propre situation et nous
plaindre.
Pour comprendre l’autre, choisissez la surprise ! Surprenez vos scripts mentaux en les laissant
consciemment de côté. Décidez de vous
présenter à votre plus proche avec un esprit ouvert et disponible sans se fixer
sur ses attentes comme des droits ou un dû.
Ayez l’énergie du regard qui voit l’autre dans le moment présent, et non
qui tient le compte des ardoises du passé.
Vous verrez la différence au quotidien.
Et votre succès personnel rejaillira en succès professionnel.
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