Gérer sa Colère
Toute émotion engage une réaction corps et esprit. Cette réaction inclue un état d’esprit
positif ou négatif, une poussée à agir vers la fuite ou l’attaque, et un
changement physiologique important (rythme cardiaque accéléré, sueurs etc) pour
soutenir notre adaptation aux situations déclencheurs de cette émotion, ou pour
la communiquer aux autres par notre non verbal.
Chaque émotion a sa propre histoire, et elle est
déclenchée par le sens que chacun donne de la situation en cours en rapport à
son script de vie, ses valeurs, ses convictions, ses droits, ses idées.
La gestion de la colère revient souvent comme point
de travail lors du coaching de vie ou de travail. La colère devient une émotion limitante lorsque
vous êtes comme coincé dedans et ne pouvez pas en sortir. C’est la colère qui est le premier mode de
réaction devant tous les imprévus, changements de plans ou les contrariétés. Vous devenez alors incapable d’avancer, souffrez
de vous épuiser ainsi et réalisez que vous blessez constamment votre
entourage. Un rapport avec une ou
plusieurs fautes, un retard d’un collaborateur, l’embouteillage en voiture,
l’ordinateur qui est lent, le téléphone sonnant sans réponse, les coudes des
enfants à table, la chute de l’enfant, tout vous donne de
« décaler ! ». Et même si
généralement vous êtes calme et compréhensif, il existe ce moment de colère
explosif qui vous laisse des regrets et des traces dans vos relations.
Souvent la colère est le moyen que nous avons de ne pas
souffrir ou éprouver de la crainte ou un inconfort. Il est plus facile d’être en colère que de regarder
ce qui nous fait souffrir. A l’origine
de la colère, il y a donc cette perception d’une situation comme dévalorisante
ou menaçante pour soi ou les siens, à l’encontre de nos idées, de nos croyances
et de nos valeurs. Le but de la colère est de se défendre contre cette menace
perçue.
Par rapport à la colère, il est important de ne pas
chercher à l’éliminer, mais à en faire un chemin de relation. Comme toute émotion, éprouver de la colère
est le chemin de notre humanité; c’est faire l’expérience du vivant. Souvent des cadres me demandent de les aider
à ne plus être comme un livre ouvert devant leurs collègues et donc à les
rendre capable de ne plus manifester leurs émotions notamment en réunions ou
négociation. La meilleure voie au
contraire, est d’accepter le rôle des émotions et de savoir communiquer autour
des émotions pour avoir un avantage.
Plutôt que de chercher à adopter un « poker face »,
reconnaître ses émotions et celles que vit son interlocuteur et s’en servir
pour diffuser la tension et relancer la négociation est capitale.
La colère en effet peut avoir un effet positif. Elle peut
par exemple amener l’autre à se soumettre, ce qui à court terme peut être un
gain. Elle peut l’informer de l’importance des enjeux pour nous. Elle peut d’ailleurs
nous aider nous-mêmes à en prendre conscience.
La colère peut également motiver une personne à développer des habiletés
dont elle a besoin pour prouver ses idées ou prouver sa valeur. On peut puiser
dans la colère une énergie pour agir constructivement.
La colère exprimée sous le mode de la violence directe ou
indirecte pose, elle, problème. Elle
risque d’éloigner les gens, de les amener à se venger, à saboter nos projets et
à se liguer contre nous.
Que faire face à la colère? D’abord accueillir en nous le fait que nous
sommes capables de réagir avec agressivité, vengeance, explosivité et même que
cela pourrait nous faire plaisir. Puis
nous pouvons « choisir de choisir » une réponse constructive,
affirmée positivement.
La première stratégie est de ne pas prendre la situation
que nous vivons ou l’action de la personne avec qui nous avons le problème
comme une insulte personnelle. C’est adopter
une attitude rationnelle qui nous permette de réévaluer la situation présente
en se dissociant de l’émotion en respirant ou en prenant un « time
out » le temps de retrouver sa capacité logique.
En deuxième lieu, il convient de vouloir retrouver
l’origine de cette émotion en vous.
Puisque la colère est le paravent d’une peur ou d’une souffrance, vous
demander quelle est la peur qui est à la source de votre colère ? Puis retrouver l’intention positive que votre
peur exprime négativement. Enfin focalisez
vous à reformuler cette peur en intention positive et à construire votre
stratégie de dialogue à partir de ce dernier point, avec affirmation.
Exemple :
Situation et
faits : Rapports remis
en retard par le collaborateur ; j’explose et je lâche des répliques
ironiques
Ma peur
/ souffrance : Je ne veux pas
qu’on me manque de respect et qu’on me prenne à la légère
Mon
intention positive : je veux du
respect et être pris au sérieux
Ma
stratégie de communication :
utiliser mon besoin positif pour reprendre la situation avec mon collaborateur
et lui exprimer positivement ce que j’attends de lui désormais.
Pour enlever la provocation, il faut changer le sens
qu’on lui donne et réévaluer son importance relative. Il est bon de prendre un calepin et de donner
les situations personnelles ou professionnelles qui nourrissent votre colère,
et de travailler ainsi à les décoder pour préparer un changement de
comportement et de communication lorsque la situation reviendra. En se rappelant les buts que vous poursuivez
positivement, il sera plus facile de vous priver d’un soulagement explosif
éphémère pour favoriser la satisfaction de vos besoins à plus long terme.