« Faute du clou, l’on
perdit le fer ; faute d’un fer l’on perdit le cheval ; faute d’un
cheval l’on perdit le héros ; faute d’un héros, l’on perdit la
bataille. C’est ainsi que l’on perdit un
royaume, faute d’un clou » (adaptation familière d’un poème de George
Herbert)
Je trouve cette citation
puissante et très appropriée pour cette semaine dramatique (suite aux inondations qui ont fait 12 morts dans notre pays) lorsque nous
cherchons a définir les responsabilités des institutions ou des particuliers.
Est-ce la guerre, le héros, le
cheval, ou le fer qui est responsable de ce drame? Selon cette citation, le
Grand General de cette guerre peut facilement jouer avec les réponses et diluer
toutes responsabilités sur un ensemble de circonstances qui l’exonère
totalement. Le héros peut lui accuser en
amont ou en aval et se laver les mains du résultat. Le cheval lui peut ne rien entendre car que
demander à un esprit de cheval sinon l’obéissance et l’exécution aveugle que
commande les reflexes de soumission ?
Le fer lui n’a rien à dire car il n’est qu’un équipement qui n’a pas
d’esprit. Et le clou ! Peut-être qu’il coutait très cher a ce moment
de l’histoire de cette nation et que quelqu’un quelque part a décidé qu’avec
deux clous sur trois cela suffirait bien a maintenir les apparences du
« tout est dans l’ordre ».
On peut imaginer le nombre de
questions interpellantes aux réponses navrantes et accusatoires que chacun se
lancerait à la figure s’ils en venaient à se retrouver assis en cercle à
aborder ensemble les raisons de l’échec.
Et nous imaginons le temps perdu, stérile de ces séances, dont le seul
but est de tirer son épingle du jeu avant et mieux que son voisin, au lieu
d’apprendre réellement et une fois pour toute des ses erreurs et fautes. Comprendre les raisons de l’échec est valable
mais il faut y passer un temps ciblé.
Car plus on creuse pour comprendre, plus on creuse profond sans rien
entreprendre pour changer la réalité.
Apprendre en temps de crise, c’est s’engager sur le terrain, tirer les
conclusions rapidement et agir pour corriger et rectifier, en anticipant avec
habileté et courage. Et pour le Grand
General, selon notre citation, en assumant entièrement l’échec à tous les
niveaux, sinon comment cesser de répéter l’erreur ou la faute encore et encore. Comme dit l’autre proverbe « trompe moi
une fois, honte a toi ; trompe moi deux fois…! »
Pendant ce temps là, que fait
le principal concerné par ce drame : le peuple, et les familles
directement affectés par la réalité de cette défaite? Au plus fort de l’adversité, la réponse des
citoyens est une réponse unie, généreuse et pratique. Prendre soin de sa famille humaine vient en
premier. L’inspiration que ses héros ne
lui apportent plus, vient de gens ordinaires capables d’extraordinaires pour
aider et réconforter dans le moment et après.
La cavalerie en effet arrive toujours trop tard! C’est dans la fragilité et sous stress que se
déploient la plus grande adaptation et le meilleur des forces d’entraide et de
soutien. Dans le malheur, la
dignité ; dans l’épreuve, la solidarité.
La pluie n’a pas changée, mais
notre expérience de cette réalité oui.
Et nos attentes de sécurité, d’efficacité et de prise en charge pour ces
moments de grosses pluies ont changé aussi.
Ce n’est plus le clou, ni le fer, ni le cheval, ni le héros qui comptent
désormais. La gestion des attentes des
citoyens en cas de pluie devient désormais un point de vulnérabilité critique
qui peut défaire tous les efforts ou gagner la bataille.